Cyclisme: au Bénin, départ du dernier Tour cycliste international d’Afrique de l’Ouest

Ce lundi va s’élancer la 20ème édition du Tour cycliste du Bénin. Six étapes du nord au sud du pays, jusqu’à l’arrivée à Cotonou samedi prochain. 14 équipes dont 11 africaines composent le plateau. L’épreuve est la dernière en Afrique de l’Ouest estampillée Union cycliste internationale (UCI), et c’est tout sauf anodin.
« Oui, on doit être très inquiet par rapport à ça parce que nous sommes à l’approche des Championnats du monde (fin septembre à Kigali). Et nous avons besoin de compétitions officielles pour marquer des points au classement et nous qualifier ! »
Pour Salami Avocetien, jeune entraîneur des coureurs béninois, le constat est clair, voire alarmant. Sans courses labélisées Union cycliste internationale (UCI), les coureurs africains auront de plus en plus de mal à pouvoir disputer les grandes compétitions… et donc à progresser.
Ces dernières années, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et récemment le Burkina Faso ont perdu le précieux sésame pour différentes raisons. Pendant ce temps, le Bénin a travaillé, construit un projet et investi. Au point d’être seul aujourd’hui dans la zone à pouvoir organiser une telle course sur une semaine sous l’égide de l’instance faîtière du cyclisme mondial.
« La récompense, c’est la reconnaissance internationale »
Et le plateau l’atteste : 9 équipes africaines se sont bousculées pour faire le voyage, en plus des deux béninoises et de trois autres venues de France, des Pays-Bas et des Philippines. Cameroun, Togo, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Nigeria, Ghana, Maroc et Afrique du Sud sont venus chercher ces points décisifs pour les Championnats continentaux, mondiaux et les Jeux olympiques.
« C’est un projet, plus encore une vision, sur laquelle nous travaillons depuis des années », martèle Romuald Hazoumé, président de la Fédération béninoise de cyclisme (FEBECY). « Nous avons observé, écouté et beaucoup investi. Car être validé par l’UCI, ça a un coût certain ! »
Il faut en effet répondre à un cahier des charges très stricte en terme d’organisation, d’hébergement, de sécurité, de santé… Et respecter à la lettre des consignes de course qui évoluent parfois d’une année sur l’autre. « La récompense c’est, au-delà des progrès de nos coureurs, la reconnaissance internationale. Et la facilité à trouver des sponsors car la visibilité d’un tour UCI est plus grande », ajoute Hazoumé. Via les radios et les télévisions, le Tour du Bénin est suivi par 80 millions de personnes dans le monde.
Le Burkina Faso, l’un des plus anciens Tours d’Afrique, espère retrouver un statut perdu l’an passé, après sa suspension de cinq ans, qu’il espère voir réduite à trois ans, pour avoir accueilli une équipe russe. Un voisin rêve de cette labellisation : le Togo.
Pour Émilien Ouetto, vice-président de la Fédération togolaise, il ne faut donc pas voir là un signe de déclin du cyclisme africain : « Les financements et aides des États sont en recul ces dernières années. Dés que cela va revenir, les Fédérations vont rejoindre l’UCI. Toutes ou presque le souhaitent. Nous, nous tentons vraiment de réunir les conditions nécessaires avec l’espoir que dans un an, notre Tour soit UCI ». Un optimisme de bon aloi, et un espoir surtout pour le peloton de la sous-région.