Cameroun : un prêt historique de 136 millions d’euros de la BAD pour transformer l’Extrême-Nord
La Banque africaine de développement (BAD) a franchi un pas décisif en faveur du développement régional au Cameroun. Le 20 mai 2025, l’institution panafricaine a approuvé un prêt de 136 millions d’euros (soit environ 89,2 milliards FCFA) pour financer le Projet de développement des compétences, de l’auto-emploi et de l’entrepreneuriat dans l’Extrême-Nord (CAP2E). Cette initiative vise à impulser une transformation socio-économique en profondeur dans l’une des régions les plus fragilisées du pays.
Un programme quinquennal pour rebattre les cartes
Le projet CAP2E s’étendra sur cinq ans et s’articulera autour de trois axes stratégiques : la formation professionnelle, le soutien à l’auto-emploi et à l’entrepreneuriat, et le renforcement de la gouvernance locale.
À la différence des programmes classiques, CAP2E repose sur un financement basé sur les résultats, une approche plus rigoureuse et orientée vers l’efficacité. « Il s’agit de garantir que chaque euro investi produit un impact concret sur le terrain », a souligné un cadre de la BAD.
Une réponse structurelle à des défis persistants
Dans une région marquée par l’insécurité, la pauvreté chronique et un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes, le projet apparaît comme un véritable levier de stabilisation et de reconstruction sociale. Il vise à donner aux populations locales des perspectives économiques durables grâce à l’accès à la formation qualifiante, au financement de projets et à l’accompagnement entrepreneurial.
Le projet s’adresse en priorité aux jeunes, aux femmes et aux populations déplacées, souvent laissés pour compte des dynamiques économiques nationales.
Une gouvernance locale au cœur de la transformation
L’une des originalités du projet CAP2E réside dans son ancrage territorial. Les collectivités locales seront non seulement bénéficiaires, mais aussi actrices du processus, avec un renforcement de leurs capacités en matière de planification, de gestion des ressources et de transparence.
Ce volet institutionnel répond à un double impératif : assurer la pérennité des actions engagées et renforcer la confiance citoyenne dans les institutions locales.
Une ambition régionale et continentale
Ce financement s’inscrit dans la stratégie globale de la BAD pour réduire les inégalités régionales en Afrique, tout en contribuant aux Objectifs de développement durable (ODD), en particulier ceux liés à l’éducation, à l’emploi décent et à la réduction de la pauvreté.
Pour le gouvernement camerounais, c’est aussi une reconnaissance de la pertinence de ses priorités dans le développement de zones longtemps reléguées au second plan.
Un signal fort d’engagement
Au-delà du montant, ce prêt représente un message politique fort. Il traduit la volonté de la BAD de soutenir les États africains dans leurs choix de développement inclusif, et de mettre en œuvre des mécanismes innovants et exigeants pour en garantir la réussite.
Le CAP2E pourrait devenir un modèle pour d’autres régions en Afrique confrontées à des défis similaires. Une opportunité historique que le Cameroun semble prêt à saisir pour offrir un nouveau départ à l’Extrême-Nord, à la fois plus stable, plus formé, et plus prospère.
