Cryptomonnaies : l’Afrique subsaharienne franchit le cap des 205 milliards de dollars en un an

Cryptomonnaies : l’Afrique subsaharienne franchit le cap des 205 milliards de dollars en un an

L’Afrique subsaharienne confirme son dynamisme dans le secteur des cryptomonnaies, malgré une crypto-économie régionale encore modeste par rapport aux autres continents. Selon une étude publiée le 10 septembre 2025 par la société Chainalysis, spécialisée dans l’analyse de la blockchain, les transactions en monnaies virtuelles ont atteint 205 milliards USD entre juillet 2024 et juin 2025, soit une progression de 52 % par rapport à la période précédente.

Cette performance place la région au troisième rang mondial derrière l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine, même si la part de ses transactions ne représente qu’environ 2 % du volume global.

Le Nigeria en tête du classement

Le Nigeria domine largement la région, avec plus de 92,1 milliards USD de transactions, près du triple de l’Afrique du Sud, deuxième pays du classement. L’Éthiopie, le Kenya et le Ghana complètent le Top 5. La prédominance du Nigeria s’explique par sa population jeune et technophile, l’inflation persistante et des restrictions d’accès aux devises étrangères, qui font des stablecoins et du bitcoin des alternatives attractives.

En mars 2025, le pays a enregistré un volume record de transactions, suite à la dévaluation du naira, qui a accentué l’adoption des cryptomonnaies comme protection contre l’inflation.

Un usage croissant dans le commerce et les petites transactions

Les données révèlent que le marché régional est largement orienté vers le commerce de détail, avec une proportion significative de transactions inférieures à 10 000 USD. Sur un an, ces petites transactions représentent plus de 8 % de la valeur totale transférée, contre 6 % dans le reste du monde.

Cette tendance illustre l’importance des cryptomonnaies comme outil d’inclusion financière, en particulier dans un contexte où un nombre important d’adultes reste non bancarisé malgré le développement du mobile money.

Les transactions B2B et transfrontalières, notamment au Nigeria et en Afrique du Sud, connaissent également un essor notable, les stablecoins étant fréquemment utilisés pour les échanges commerciaux entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.

Le bitcoin, monnaie de prédilection

Le bitcoin demeure la cryptomonnaie la plus utilisée. Il représente 89 % des achats au Nigeria et 74 % en Afrique du Sud, confirmant son rôle de réserve de valeur et de point d’entrée privilégié dans un marché encore vulnérable à la volatilité des devises locales.

Les institutions financières locales explorent activement l’adoption de produits liés aux cryptoactifs, de la conservation à l’émission de stablecoins, illustrant le passage d’un intérêt exploratoire à un développement actif de services financiers numériques.

Une crypto-économie au service des défis économiques

En combinant adoption de masse, utilisation pour le commerce et rôle de couverture contre l’inflation, l’Afrique subsaharienne montre comment les cryptomonnaies peuvent devenir une solution pratique aux défis économiques, là où le système bancaire traditionnel demeure limité ou insuffisant. La région s’impose ainsi comme un laboratoire clé pour tester l’utilité réelle de ces technologies dans des environnements économiques complexes.

Fanny CISSOKHO

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