Crise à Madagascar : le colonel dissident nie toute tentative de coup d’État et accuse les dirigeants d’avoir provoqué le chaos

Crise à Madagascar : le colonel dissident nie toute tentative de coup d’État et accuse les dirigeants d’avoir provoqué le chaos

La crise politique qui secoue Madagascar depuis plusieurs semaines a pris un nouveau tournant ce dimanche 12 octobre, après la prise de parole du colonel Andrianina Rakotoarisoa, à l’origine d’un appel à la désobéissance de l’armée. Dans une déclaration relayée par plusieurs médias locaux, l’officier a rejeté toute accusation de tentative de coup d’État, affirmant que son geste visait à alerter sur “un chaos provoqué par les dirigeants eux-mêmes”.

« Je ne pense pas qu’il y avait coup d’État. Il n’y a pas eu de prise d’armes ni de volonté de s’emparer du pouvoir. Nous avons voulu dire non à une dérive dangereuse », a déclaré le colonel Rakotoarisoa, accusant le gouvernement de malmener les institutions et de diviser l’armée pour des intérêts politiques.

Une tension croissante dans les rangs militaires

L’appel à la désobéissance lancé en fin de semaine par ce haut gradé a suscité une forte inquiétude à Antananarivo, où des unités de l’armée ont été placées en état d’alerte renforcé. Des sources sécuritaires indiquent que plusieurs officiers favorables au colonel auraient été interpellés ou mis à pied dans la nuit de samedi à dimanche.

Le ministère de la Défense a, de son côté, condamné fermement toute velléité de sédition, rappelant que « l’armée reste républicaine et fidèle à la Constitution ». Le gouvernement malgache parle d’un « acte irresponsable » visant à déstabiliser le pays, déjà fragilisé par la contestation sociale et la crise économique.

Une crise politique et institutionnelle profonde

Depuis plusieurs mois, Madagascar traverse une période de forte instabilité, marquée par des manifestations répétées de l’opposition, qui accuse le président Andry Rajoelina de concentration autoritaire du pouvoir et de mauvaise gouvernance. L’armée, traditionnellement perçue comme un arbitre politique dans l’histoire du pays, se retrouve aujourd’hui au cœur des tensions, certains de ses membres exprimant ouvertement leur malaise.

Le colonel Rakotoarisoa a affirmé que son appel n’était pas motivé par une ambition personnelle, mais par le « devoir moral de dire la vérité ».

« Le peuple souffre, les soldats souffrent, et ceux qui dirigent le pays ferment les yeux. Ce chaos, ce n’est pas nous qui l’avons créé, mais ceux qui ont trahi le serment de servir la nation. »

Antananarivo sous haute surveillance

En attendant, la capitale Antananarivo reste sous forte présence policière et militaire, tandis que les autorités appellent au calme. Des médiations régionales, notamment de la SADC et de l’Union africaine, pourraient être engagées si la situation continue de se détériorer.

Cette nouvelle sortie du colonel dissident ravive les souvenirs douloureux des crises militaires qui ont jalonné l’histoire de Madagascar — et renforce le sentiment d’une crise institutionnelle majeure, où l’armée semble une fois encore se trouver à la croisée des chemins entre loyauté et révolte.

Seune Cheikh FAYE

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