USA : une caution de 5 000 à 10 000 dollars exigée pour les visas de sept pays africains

USA : une caution de 5 000 à 10 000 dollars exigée pour les visas de sept pays africains

À partir du 23 octobre 2025, obtenir un visa américain deviendra plus coûteux pour certains ressortissants africains. Le Département d’État américain, en partenariat avec le Département du Trésor et celui de la Sécurité intérieure, a annoncé la mise en place d’un programme pilote de caution pour visa visant les citoyens de sept pays africains : le Mali, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, la Tanzanie, la Gambie, le Malawi et la Zambie.

Une mesure test pour limiter les dépassements de séjour

Cette nouvelle procédure, inédite à une telle échelle, impose aux demandeurs de visas d’affaires ou touristiques (B-1/B-2) de verser une caution variant entre 5 000 et 10 000 dollars avant la délivrance de leur visa. L’objectif officiel : réduire les dépassements de durée de séjour et renforcer le contrôle des flux migratoires.

Selon un communiqué du Département d’État, la mesure s’inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation des frontières américaines et de régulation des entrées temporaires. Elle cible spécifiquement les pays où le taux de non-respect des conditions de visa est jugé élevé.

« Ce projet pilote illustre l’engagement du gouvernement américain à protéger ses frontières et à garantir le respect des lois migratoires », précise un responsable cité par l’ambassade des États-Unis à Bamako.

Une procédure stricte et un paiement en ligne obligatoire

Concrètement, l’agent consulaire fixera le montant de la caution en fonction du profil et de la situation du demandeur lors de l’entretien. Celui-ci devra ensuite :

  • Soumettre le formulaire I-352, émis par le Département de la Sécurité intérieure ;
  • Accepter les conditions de la caution ;
  • Et effectuer le paiement via la plateforme Pay.gov, gérée par le Département du Trésor américain.

La caution sera intégralement remboursée si le bénéficiaire respecte toutes les conditions de son visa et quitte le territoire américain avant la date d’expiration.

Des réactions mitigées en Afrique

Si les autorités américaines évoquent une mesure de sécurité et de responsabilité, la nouvelle a suscité inquiétude et incompréhension dans plusieurs capitales africaines.
À Bamako, certains analystes estiment que cette décision pourrait freiner les échanges économiques et touristiques entre les États-Unis et les pays concernés, en particulier pour les petites entreprises et les étudiants.

« Exiger jusqu’à 10 000 dollars de caution, c’est imposer un obstacle quasi insurmontable à la mobilité des jeunes entrepreneurs ou des chercheurs africains », déplore un diplomate ouest-africain sous couvert d’anonymat.

La Gambie, déjà concernée depuis le 11 octobre

Si la mesure entre officiellement en vigueur le 23 octobre pour la majorité des pays cités, elle s’applique déjà à la Gambie depuis le 11 octobre 2025. Cette anticipation est liée, selon Washington, à un taux particulièrement élevé de dépassement de séjour chez les ressortissants gambiens.

Un test aux conséquences diplomatiques

Le programme pilote doit durer plusieurs mois avant d’être évalué. Mais il soulève déjà des questions de discrimination et de réciprocité diplomatique. Certains experts craignent qu’il accentue le sentiment d’injustice envers les politiques migratoires américaines en Afrique.

Pour l’heure, Washington campe sur sa position : la caution n’est ni une sanction ni un refus de visa, mais un mécanisme de garantie.
Reste à savoir si cette expérimentation, censée responsabiliser les voyageurs, ne se transformera pas en un nouveau mur financier entre les États-Unis et une partie du continent africain.

Seune Cheikh FAYE

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